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Diagonale des fous 2019 « Trop beau pour être dur »

Diagonale des fous 2019

« Trop beau pour être dur »*

« Tu veux quoi pour ton anniversaire Stéph ? »

« Ben rien, si vous voulez faire un p’tit geste pour que je participe à la Diag l’année prochaine... ce serait top ! »

Et hop, un an, un mois et 2 jours après… Je suis dans le SAS de départ, entassé avec mes camarades d’infortune, assis par terre sur des cailloux qui font « mal au cul ».

 

 

J’ai commencé mon entrainement en Corse cet été pour me familiariser avec le soleil, mais surtout avec un terrain très minéral ! Ensuite, ben pas le choix, c’est Clécy tous les week-ends ! Je n’oublie pas le renforcement musculaire des cuissots puisque pour la première fois, je n’ai pas le droit d’utiliser de bâtons sur un ultra. Donc au programme, marches de Mondeville, proprioception chez mon kiné préféré, et salle de muscu pour ne rien oublier !

Maintenant y’a plus qu’à ! J

 

13 octobre, 8h30, aéroport de Saint Denis, accueil des participants de la Diag’ : « Bienvenu Zot’ Tout’ ». Nous sommes déjà dans cette ambiance de folie qui ne nous quittera pas jusqu’à l’arrivée !!! Nous échangeons quelques mots avec le Directeur de course, Robert CHICAUD, qui nous donne des infos sur ce qui m’attend.

Au programme des 4 jours avant le départ : Rando tranquille, visite, check de TOUT, repos (difficile), footing de 30 min obligatoire la veille… Et stress !!!

 

Mercredi 16 octobre, levés aux aurores pour aller chercher mon dossard à Saint Pierre. Arrivés à 8h sur place… Nous ne sommes pas les premiers. Nous retrouvons cette ambiance de « fou », mais le stress monte de plus en plus ! Plus de 2h après : 2 Tee-shirt, 1 bracelet, 1 casquette, 2 puces GPS : c’est officiel, je suis un fou parmi les fous.

 

Jeudi 17 octobre… Jour J. Ca fait plus d’un an que j’attends ce moment… J’y suis… Je stresse ! J’ai peur ! Peur de ne pas y arriver, peur de décevoir tous ceux qui me suivent et peur de me décevoir, peur de cette course mythique et exigeante.. Peur de tout… Mais j’ai envie et j’ai hâte ! Je suis content d’être là !

H – 6 : Check pour la énième fois du sac et des points de rdv où Sandra devra me ravitailler.

H – 4 : Départ de l’hôtel pour Saint Pierre. Je suis levé depuis 8h du matin, et je n’ai pas réussi à redormir. Aucune fatigue pour le moment, juste une angoisse qui ne me quitte pas.

H-3 : Arrivés sur le parking, pour prendre la navette qui nous conduira au départ. Je ne suis pas seul… Nous sommes plusieurs fous, accompagnés de nos ravitailleurs et ravitailleuses de l’extrême.

H – 2 : Direction le SAS de départ où mon sac va être contrôlé. J’entends le concert, les orchestres, les chansons, les premiers encouragements,… Toujours cette ambiance de « fou ». Sandra et moi faisons une petite vidéo pour immortaliser ce moment magique. Je suis obligé de la quitter pour rejoindre mes « collègues ». Pendant 2 heures, je vais attendre ce fameux décompte et cette musique qui donneront enfin le départ de cette folle aventure.

 

Avant d’éteindre mon portable, je lis tous les premiers messages d’encouragements reçus sur WhatApps, premiers frissons d’émotions…

5, 4, 3, 2, 1…. C’est parti ! Nous sommes 2748 à prendre le départ et à nous élancer vers « l’infini et l’au-delà » J

Eclairée par un feu d’artifice tiré depuis l’océan indien, une foule festive de plus de 30000 personnes acclame une meute de dingues à l’assaut du volcan. Je check les mains tendues par les enfants. Ils sont fiers… Et moi aussi. Je remarque un coureur asiatique qui a un slip sur la tête en guise de buff. Plus cinglé que les autres J

Je suis pressé par tous ces raideurs qui ont envie d’en découdre comme moi. En même temps, je vois de chaque côté, des milliers de personnes qui nous acclament par nos prénoms, inscrits sur nos dossards. Nous sommes portés pendant plus de 6 km dans Saint Pierre par cette liesse populaire. 6 km de frissons où nous avons tous l’impression de faire partis des premiers ! Des vraies rock’n run stars !

Pour le moment, tout est facile, je suis libre dans ma tête (comme Diego). Mon entrainement me rassure et me donne confiance.

Nous laissons derrière nous Saint Pierre et l’océan pour prendre peu à peu de la hauteur, nous traversons les champs de canne à sucre d’où une odeur particulière et inconnue se dégage. Le flot des coureurs est encore très compact, mais nous courons… enfin nous trottinons.

Derrière nous une guirlande lumineuse de frontales se dessine dans la nuit.

 

Vendredi 18 octobre « Domaine Vidot » 00h00 : 2h de course – 14,7 km et 655 D/+ 

Incroyable, des milliers de personnes sont encore là pour nous acclamer.

C’est la foire au ravitaillement. Trop de monde ! Je dois me faufiler pour remplir mes flasques et prendre un morceau de banane. Je repars très vite. En sortant du ravito je suis stoppé par un bouchon en accordéon. Nous allons faire 2 km en 1h 15. En effet, nous sommes ralentis par des échelles escabeau que nous devons emprunter pour passer des clôtures. Nous sortons des bois et le peloton s’étire en bordure de plantations. Toujours pas de sensation de sommeil… C’est cool !

Les kilomètres défilent. On alterne quelques descentes et de longues montées dans une végétation basse. L’air est de plus en plus frais et humide sur les hauteurs. Les sensations sont sympas malgré une petite douleur au genou qui s’installe tranquillement. Je croise les doigts… Et même plus si affinités !

J’allume mon portable… Qui se met à sonner sans discontinuer… un nombre incalculable de sms ! J’hallucine ! Je partage ma joie de recevoir tous ces messages avec 2 coureurs, qui n’en reviennent pas.

Levé de soleil aux abords du volcan, c’est magnifique. Même « s’il caille sa grand-mère ».

J’arrive au ravito Nez de bœuf où Sandra m’attend depuis plusieurs heures en blouson de ski… Il fait – 2°C !!!

 

Vendredi 18 octobre « Nez de bœuf » 05h32 : 7h31 de course – 41 km et 2463 D/+

Je me change, je recharge en gels et en boisson, je range ma frontale. Un selfie et un bisou à ma chérie et c’est reparti !

Je jette un dernier regard vers le ravito, et je vois plusieurs coureurs enveloppés dans leur couverture de survie, tétanisés par le froid… Il y aura beaucoup d’abandon ici.

Dans les lueurs du petit matin, nous devons désormais courir sur un sol de lave basaltique.

Nous traversons un couloir de moins d’un mètre entre 2 pâturages, bordé de chaque côté de fils barbelés. Le terrain est plutôt technique, entre racines mouillées, cailloux et marches en terre glissantes. Tout va bien, mais le meilleur reste à venir !

 

Vendredi 18 octobre « Mare à boue » 07h21 : 9h20 de course – 51 km et 2508 D/+

Sandra n’a pas pu venir pour être certaine de me voir à Cilaos.

Je m’arrête pour manger un poulet/lentilles/riz dans l’herbe, en plein soleil.

Je me crème les pieds avec de la NOK. Je remplis mes gourdes et je reprends la course tranquillement, sans me douter que l’enfer est devant moi.

« Mare à boue », ce ravito porte bien son nom, je dirais même plus… C’est la merde au bout (des chaussures !). 800 D/+ à avaler. J’ai de la gadoue jusqu’aux chevilles et je slalome entre rondins de bois et rochers moussus. Je décide de marcher. Mort de rire. En même temps, nous n’avons pas le choix. Sinon, tu glisses, et là, c’est la memerde ! Bain de boue garanti, mais sans la thalasso. Ca dérape sévère, mais le bout du tunnel n’est pas loin.

Direction une petite clairière avant la descente du coteau de Kerveguen. Et ben c’est marrant, ça ne rend pas pareil que sur la vidéo que j’avais vu sur You Tube. Attendez la suite… !!!

Nous empruntons des passages « aériens » sur les crêtes et avons une vue plongeante sur le cirque de Cilaos.  Le Piton des neiges se dresse en face de nous. La végétation devient de plus en plus dense. C’est la jungle. Et nous, nous sommes des singes à ce moment là. Une descente très rock’n roll et périlleuse, avec 6 ou 7 échelles. Il va falloir bien assurer ses appuis, malgré la fatigue. La pente est tellement raide et technique que l’on a l’impression de pouvoir marcher sur la tête des mecs devant nous. Un enfer vertical de 800 m de dénivelé négatif en 2 km seulement ! Nous sommes à la queue leu leu. Personne ne fait le malin. C’est top beau. Le spectacle en vaut la chandelle.

4 km avant notre arrivée à Cilaos nous empruntons enfin une route, mais reprenons aussitôt une ravine qu’il va falloir descendre et remonter.

 

Vendredi 18 octobre « Cilaos » 12h15 : 14h14 de course – 68 km et 3305 D/+

J’arrive au stade de Cilaos en courant. Je suis décontracté. Je vais voir ma chérie. Je n’ai pas envie de dormir. Mon horloge biologique est détraquée. Il est 12h15. Ca     fait plus de 28h que je n’ai pas dormi, dont 14 heures de course. Je suis émerveillé par le spectacle que m’offre Dame Nature au fond de ce cirque.

Un monde de fou pour nous accueillir. Des voitures partout. Je retrouve Sandra après avoir récupéré mon sac de ravito, sac prévu au cas où elle ne soit pas là. On s’installe dans un coin à l’arrache, à même le goudron, mais avec de l’ombre. Et c’est le principal, puisqu’il fait très chaud. Au menu pendant 1h30, douche glacée de misère pour rincer mes pieds, massage par ma ravitailleuse, et change intégral. Je fais attention de bien vérifier mon sac comme je ne reverrais pas Sandra avant le lendemain matin. Je ne m’attarde pas plus puisque je sens la fatigue m’envahir. J’avale un repas en 10 min et je repars en trottinant jusqu’en bas de la cascade de Bras Rouge. Je me rafraichi en trempant ma casquette dans l’eau. Il fait très chaud. Je traverse la rivière en sautant de pierre en pierre, puis j’entame une montée très raide qui va jusqu’à la départementale D242 où nous attend un ravito avant la montée du Taibit.

 

Vendredi 18 octobre « Sentier Taibit » 15h53 : 17h52 de course – 75 km et 3803 D/+

Surprise : Sandra est là ! Trop content. Le ravito est sur la route qui est très étroite, et où pourtant, passent des bus ! Incroyable !

Nous allons à la voiture, garée à 50 m, où Sandra a sympathisé avec 2 gendarmes en m’attendant. Ils lui seront d’une aide précieuse pour repartir. Et oui... La route qui mène à Ilets à Cordes est l’une des plus dangereuses de La Réunion….

Je ne reste qu’un quart d’heure et avant de repartir, photos et vidéo. Là, c’est sur… Je ne reverrais pas Sandra avant demain matin. Je quitte la civilisation ! Le cirque de Mafate n’est accessible qu’à pieds ou en en hélicoptère. C’est pourquoi, il y aura beaucoup d’abandons à ce ravito. Je pars pour l’ascension du col du Taibit qui signifiera la fin du cirque de Cilaos avant la bascule dans Mafate. C’est certainement le plus gros morceau de la course. 40 km et 4000 D/+ pour en sortir. En s’engageant dans Mafate, il faudra se débrouiller tout seul.

On est face à soi-même.

Je monte des marches de toutes les tailles (ça change !), et au détour d’un virage en épingle, je m’aperçois qu’une quinzaine de coureurs silencieux sont derrière moi. Malgré ma proposition, personne ne veut me doubler. Je vais faire le rythme jusqu’au col pour tous mes camarades. Nous sommes à 1,5 km/h, en mode mains sur les cuisses pour remplacer les bâtons. Après quelques heures d’ascension, un roi mage local, qui chante et qui danse, nous invite à prendre une « tisane ascenseur » ! J’hallucine ! Je bois cette décoction maison à base de plantes. La tisane est bonne mais ne me fait pas avancer plus vite… Mince.

En sortant de la forêt, un spectacle de folie s’offre à nous.

Vendredi 18 octobre « Marla » 18h28 : 20h27 de course – 82 km et 4612 D/+

La pénombre nous envahit. J’arrive à Marla. En me checkant, un bénévole m’appelle « Hé ! Dossard 1634, viens voir ! ». A ma grande surprise, Stéphane (qui a fait la Diag’ en 2018) et sa femme Caroline, m’ont laissé un message vidéo qui me fait chaud au cœur. Une petite pause s’impose. Je me ravitaille et je m’équipe pour la nuit. Il va faire encore très froid. Et la fatigue ne va pas m’aider à me réchauffer. Mon cerveau est passé en « mode nuit ». Il est bercé par ma frontale qui éclaire 1 m² devant moi. Pas facile de rester éveillé. 35 heures que je n’ai pas dormi !... Mes yeux me piquent… C’est l’ivresse du sommeil…

Ascension très raide dans des marches (encore et encore). Replat sur une crête très dangereuse. Même s’il fait nuit, je sais exactement où je suis. Je revois les vidéos où on se rend bien compte du vide de chaque côté. J’arrive sur la plaine des Tamarins avec ses arbres qui poussent courbés dans tous les sens. Et j’attaque l’ascension du col des bœufs à 2000 m d’altitude pour arriver enfin au ravito « Plaine des Merles ».

 

Vendredi 18 octobre « Plaine des Merles » 20h58 : 22h57 de course – 89 km et 5116 D/+

Un gros coup de fatigue. Je pense à m’arrêter pour dormir, mais les bénévoles m’en dissuadent : « L’altitude, le vent, l’obligation de dormir dehors avec sa couverture de survie, sont des risques que certains ont pris… Et ils se relèvent « raides » » !. Donc finalement je repars, puisqu’ils ajoutent que je pourrais me reposer au prochain ravito. A peine 40 min plus tard, j’arrive au point d’eau « Sentiers des scouts ».

 

Vendredi 18 octobre « Sentier des scouts » 21h40 : 23h39 de course – 91 km et 5164 D/+

Finalement, même problème… je constate qu’il est impossible de dormir pour les mêmes raisons… Dommage… En plus, j’ai 2 nouvelles « copines » : Une tendinite à chaque adducteur ! Super ou pas… !!!

Je continue cette descente de 13 km et 1100 de dénivelé négatif jusqu’à Ilet à Bourse.

 

Samedi 19 octobre « Ilet à Bourse » 00h04 : 26h03 de course – 100 km et 5440 D/+

Je m’arrête et je sens une petite hypothermie qui me guette… Je demande à voir un médecin pour qu’il me masse les adducteurs. Je lui précise que même si je fais une hypothermie, je ne souhaite pas qu’il m’arrête. Il comprend et ajoute « Vous faîtes ce que vous voulez ! ». C’est un soulagement… Puisque je sais déjà que je ne vais pas y échapper.

Je me déshabille pour le massage… Et voilà, c’est l’hypothermie ! J’ouvre ma couverture de survie et le médecin me roule dedans comme une galette/saucisse J Je voudrais profiter de ce petit moment de repos « privilégié » pour trouver le sommeil… Mais malheureusement, il a dû se barrer avant que j’arrive. Hé oui, ce n’est pas parce que tu ne dors pas que tu n’as pas le droit de rêver !

Après 45 min sans dormir, je me rhabille en faisant un effort phénoménal puisque je tremble de tout mon être ! Je pense à tous ceux qui me suivent. Et « je n’ai pas fait 11000 km pour m’arrêter au bout de 100 bornes ! ». Je prends le temps de manger une soupe et direction Roche Plate. Sur mon chemin, je vois des dizaines et des dizaines de papillotes dorées. Certains de mes camarades n’en peuvent plus et s’arrêtent dès qu’ils sont à l’abri du vent pour dormir.

 

Samedi 19 octobre « Roche plate » 06h55 : 32h54 de course – 111 km et 6516 D/+

Je m’arrête. Je n’en peux plus. Je me couche dans un sac de couchage. 10 min plus tard un bénévole me secoue puisqu’il veut le récupérer… Dommage… J’y étais presque cette fois… !

J’appelle Sandra et Jennifer pour faire un petit point course, et je repars pour un kilomètre vertical, soit 1000 m de dénivelé positif sur 4,5 km environ. C’est un rempart, mais sans échelle. En guise de barreaux, des marches de cailloux et de racines. Je dépose mon cerveau avant l’ascension. Il ne faut plus se poser de questions. Pas après pas, je monte à mon rythme sans jamais m’arrêter. Je me fais doubler par les mêmes que je viens de doubler. La montée est rythmée par un balisage qui nous précise le pourcentage d’ascension qu’il nous reste à faire avant de franchir la « brèche Maido tête dure ».

Un dernier virage et là « Qué calor ! ». Plus de 30 degrés, pas d’ombre, pas de vent et un soleil de plomb. Je commence à entendre les encouragements des spectateurs qui sont en haut de la brèche, et je pense à Sandra qui doit être en train de m’attendre. Une dernière côtelette, Hé hop, la foule m’acclame et crie mon prénom. L’espace d’un instant je pourrais croire que je suis le premier. Par réflexe, je lève les mains pour répondre à tout le monde.

Ma chérie est là comme prévu, ça fait du bien au moral ! Pour tout vous dire, pour moi c’est mon arrivée. Même si nous ne sommes qu’au 115ème km et qu’il m’en reste encore 56…

Maintenant la tête va reprendre le dessus.

Sandra me masse, me ravitaille. J’en « profite » pendant 1h, et c’est reparti, en pleine forme ! J’entame 17 km de descente, avec 1800 m de dénivelé négatif, direction la deuxième base de vie « Ilet Savannah ». Je vais passer mon temps à courir et à doubler.

 

Samedi 19 octobre « Maido Tête dure » 11h15 : 37h14 de course – 123 km et 7609 D/+

Sur mon passage, le ravito Maido Tête dure où je ne m’arrête pas.

Je continue ma descente, pas très technique, mais où il y a quelques pièges J Sinon on s’ennuie !...

J’appelle mon père pour partager avec lui ce moment d’euphorie.

 

Samedi 19 octobre « Ilet à Savannah » 14h45 : 40h44 de course – 132 km et 7666 D/+

J’arrive à Ilet Savannah où je retrouve ma chérie. Toujours fidèle au poste. Le kiné me change le taping. Je mange un rougail saucisses, je me ravitaille et c’est reparti.

C’est l’avant dernière montée, déjà… Puis descente sur le chemin Ratinaud qui est très escarpé, je passe entre de gros rochers. Nous devons sauter d’arbres en arbres, comme des singes pour descendre.

 

Samedi 19 octobre « La Possession » 19h43 : 45h42 de course – 150 km et 8676 D/+

Sandra m’attend dans une ambiance de folie. Il y a un concert sur la place. Je ne m’attarde pas. J’ai envie d’en finir pour que la troisième nuit soit la plus courte possible.

Je passe le portique « Sentier des anglais ». Mythique ! C’est bien une invention de « rosbif » ! Il y a un mec qui a commencé à mettre des dalles volcaniques sur une montée de 600 m de D/+. Et arrivé en haut, quand il a vu l’ampleur du chantier, il a du benner son 38 tonnes de dalles sur 1 km de descente à pic J Moralité, elles sont posées dans tous les sens. Pas un putain de caillou plat. Mes chevilles souffrent et mes genoux pleurent. A la fin du sentier, Sandra m’attend. Elle a voulu venir à ma rencontre…. Mais a vite fait demi-tour quand elle a vu sur quoi elle s’engageait J

 

Samedi 19 octobre « Grande Chaloupe » 22h08 : 48h07 de course – 161 km et 9200 D/+

Sandra me ravitaille rapidement. Et Direction Colorado. Dernière côtelette de 800 m de D/+. Entre dalles volcaniques et chemin forestier en terre. J’arrive au dernier ravito Colorado.

 

Dimanche 20 octobre « Colorado » 00h44 : 50h43 de course – 166 km et 10000 D/+

Je zappe le ravito. Et je prends un chemin de crête qui plonge dans la forêt, direction La Redoute… Une monotrace de 5 km assez technique entre racines et gros cailloux. Même à la fin les organisateurs ne nous épargnent pas. Au détour du dernier virage, les lumières de la ville m’éblouissent. Ca y est, je suis à 500 m de l’arrivée. Je vais être finisher de la Diagonale des fous… Incroyable ! Je me mets à courir. Puis à voler. Je vais me poser comme un avion sur cette piste d’arrivée qui me fait rêver depuis des années. Sandra est là pour immortaliser ce moment. Le speaker annonce « L’avion Stéphane va atterrir ». 52h00 pour venir à bout de ces 171 km et ces 10000 de D/+ et D/-. 66 heures sans dormir quand même…

Il faut être conditionné pour cette course, prêt physiquement et mentalement, prêt à en découdre et à accepter de passer par des moments difficiles, en les switchant quand ton corps essaie de communiquer avec ton cerveau. Pas toujours facile d’adopter la pensée positive « Je vais bien, tout va bien ». On se raccroche à tout ce qu’on peut pour avancer.

Et surtout rester humble. Quand tu sais que tu es en forme…, T’inquiètes pas ça ne va pas durer. T’es bien là ? Oui ? Ben ralenti !

Et tu passes par tellement d’émotions. J’ai rigolé, j’ai pleuré en pensant à vous.

Merci à ma chérie de m’avoir suivi, encouragé, ravitaillé, massé, réconforté, pendant toute cette folle aventure. Et merci à toi d’avoir permis à chacun de me suivre. Encore une belle aventure que nous avons partagé.

Merci à ma fille pour son soutien sans faille à distance.

Merci à mes parents et à mes beaux-parents qui n’ont rien lâché pendant toute la course.

Merci à Pierre, mon beau-frère et ma belle-sœur et ses parents, et à ma cousine, qui m’ont suivi et encouragé.

Merci à tous mes amis, qui m’ont permis de réaliser ce rêve. Tous leurs messages ont été précieux pour moi.

J’ai été heureux et touché de pouvoir partager cette belle aventure humaine avec chacun d’entre vous.

Rendez-vous au Tor des Géants ! J


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